Notre avenir dépend de la solution du problème allemand

Le Comité de l'Allemagne libre

Et la Russie, cette Russie que les Allemands ont ravagée, où ils ont commencé la série de leurs atrocités ? Nous ne l'avons pas vue sans une certaine inquiétude mettre en avant le « Comité de l'Allemagne libre », dont le personnage le plus représentatif est le maréchal von Paulus.

Il est bon de dire ce qu'est ce comité dont on parle beaucoup. Il est né en URSS de la fusion du Freies Deutschland, créé en juillet 1943 et de la société allemande des officiers, créée par le général von Seydliz, au mois de septembre de la même année. Le Freies Deutschland groupait des émigrés et des prisonniers ; la « société » était constituée de plusieurs centaines d'officiers dont cinquante généraux et un maréchal.

Depuis ils ont fusionné, et le Comité de l'Allemagne libre, que préside M. Erich Weinert, groupe des hommes politiques des différents partis d'avant 1932, tels le prince Lowenstein, ancien chef de l'aile jeune catholique, et des hommes de lettres comme Thomas Mann, sans compter une foule d'émigrés des tendances les plus diverses.

La Russie va-t-elle, en Allemagne, adopter la même politique, qu'en Hongrie avec le général Miklos, et remettre l'administration des territoires qu'elle administrera aux hommes du maréchal von Paulus ? Évidemment, elle a pu comprendre la leçon que l'Allemagne a donnée chez nous, et elle a pu méditer cette page de Mein Kampf qu'au temps de Vichy nous faisions circuler sous le manteau : Hitler y explique qu'on tient beaucoup mieux le peuple serf et qu'on en tire beaucoup plus par des éléments pris chez lui qu'en exerçant directement sa domination.

Par ailleurs, il faudra bien constituer des administrations en Allemagne, et, étant donné l'adhésion générale au nazisme, les occupants seront parfois embarrassés pour trouver des hommes à mettre à leur tête. Enfin l'état-major allemand n'a jamais été favorable à la guerre contre la Russie, dont il mésestimait peut-être moins la force qu'Hitler, et vers laquelle le portait une tradition historique. Toutefois, la Russie ne se sert peut-être du Comité de l'Allemagne libre que comme d'une machine de guerre pour faciliter la reddition du peuple allemand. De bons observateurs le pensent.

Au surplus, le Freies Deutschland peut être un moyen, pour les Russes, de parer à toute tentative par les Alliés de créer un gouvernement démocratique en Allemagne.

Quoi qu'il en soit, il a sûrement été question de ce Comité à Yalta, et on voudrait bien savoir ce qui a été dit à ce sujet.

Car nous, Français, nous ne pouvons pas avoir confiance en des éléments militaires dont la destruction de la France est l'ambition principale depuis un siècle. L'état-major allemand, par l'intermédiaire du général Dittman, commentateur militaire de la radio berlinoise, a eu récemment l'air de se désolidariser d'Hitler. Mais ces hommes-là, je ne crois pas que nous puissions essayer de traiter avec eux davantage qu'avec le Führer.